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User:Anna/Jüdische Anarchistische Bewegung

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Jüdische Anarchistische Bewegung

f: Le mouvement anarchiste "juif"

d: Die "jüdische/jiddische" anarchistische Bewegung.


f: Le sujet de cet article pourrait étonner.

d: Das Thema dieses Artikels könnte erstaunen.


f: Pourtant la communauté juive et le mouvement anarchiste ont entretenu certains rapports, que nous étudierons.

d: Die jüdische Gesellschaft und die anarchistische Bewegung unterhalten gewisse Zusammenhaenge derer wir uns widmen.


f: Des rapports parfois répulsifs qu'on ne peut cacher, mais aussi attractifs par la participation de nombreux juifs à la cause révolutionnaire.

d: Zusammenhaenge, die sowohl abschreckend und unwiderruflich als auch anziehend durch die Mithilfe zahlreicher revolutionärer Juden sind.


f: Enfin, on peut se demander comment les anarchistes perçoivent l'idéologie du sionisme, qui a profondément modifié ces rapports.

d: Nun wir dürfen uns Fragen wie die Anarchisten die Ideologie des Zionismus - der tiefengruendig seine Verbindungen beeinflusste - auffassen.


f: Il serait difficile de commencer cet article sans parler de l'antisémitisme ouvrier.

d: Es dürfte schwierig sein diesem Thema zu begegnen ohne vom Antisemitismus des Handwerkers zu sprechen.

Il ne faut pas se voiler la face mais aborder sereinement la question. On trouve, par exemple, chez Proudhon des phrases inadmissibles contre les juifs, même si cela n'ôte rien à la valeur de son système économique et politique. Par la suite, certaines publications auront des relents d'antisémitisme, mais celui-ci n'est pas pensé en termes de race mais plutôt anticapitaliste (l'exemple des Rotschild) et surtout antireligieux.

Antisémitisme et anarchisme Ce dernier aspect est souvent négligé. Le juif que l'on critiquait, c'était celui qui croyait en la religion juive. Ainsi, sans s'attarder sur les mots d'argot, nous voyons que Le Père Peinard compare systématiquement chrétiens (qui ne forment pas un peuple) et juifs. De même Zo d'Axa, dans L'En Dehors, critique sévèrement l'antisémite racial Edouard Drumont, pour écrire un peu plus loin : Les jésuites sont royalistes, les juifs sont républicains. Le peuple n'est qu'affamé. La France aux juifs et aux jésuites. Que voulez-vous que ça fasse au citoyen qui, ce soir, n'a pas vingt sous pour dîner. D'ailleurs Le Père Peinard s'appose à la bonne conscience catholique qui s'en prend aux juifs, en menant en scène deux miséreux : - Tel que vous me voyez, môssieu, j'ai travaillé 50 ans chez ces sales youpins. - et moi, môssieu, tel que vous me voyez, j'ai bûché un demi-siècle chez ces bons catholiques.

En fait, au fur et à mesure que se théorise, à droite, l'antisémitisme et qu'il devient une doctrine, les milieux anarchistes vont le combattre. L'événement qui va illustrer cette évolution est l'affaire Dreyfus, qui va cristalliser les passions. Au début, les anarchistes sont méfiants à l'égard de l'officier déchu : Comme officier, il appartient à cette caste d'individus qui commanderaient le feu contre moi et mes amis, si, demain, la révolte s'affirmait... A ce titre, il m'est plutôt antipathique. (Sébastien Faure, 1897).

Malgré cela, la plupart des journaux anarchistes vont prendre la défense de Dreyfus. La lecture du journal antisémite de Drumont, La Libre Parole, est édifiante ; les anarchistes y sont assimilés aux républicains et aux francs-maçons, tous "enjuivés" ! Signe de cette évolution, les étudiants des E.S.R.I. (Etudiants socialistes révolutionnaires internationalistes) feront, en 1900, un rapport de congrès anarchiste contre l'antisémitisme (voir le Monde libertaire n° 675). De même, lorsque Delesalle, un des fondateurs des Bourses du Travail, évoluera vers des idées antisémites, Jean Grave l'exclura de la rédaction des Temps Nouveaux. Comprenons-nous bien. Il ne s'agit pas d'excuser les propos relevés au début de cet article mais d'expliquer, de situer chronologiquement et, surtout, de ne pas voir avec le regard anachronique de gens qui ont derrière eux le génocide de la Seconde Guerre mondiale. Depuis cet épisode monstrueux, nous avons tendance à faire des assimilations un peu rapides. Les historiens de la gauche socialiste, qui pratiquent volontiers l'amalgame entre extrême-droite et révolutionnaires du XIXè siècle avec de telles "preuves", feignent d'ignorer la contribution des juifs au mouvement ouvrier, Comment y auraient-ils adhérés, si celui-ci leur avait été vraiment hostile ?

Pour clore le sujet de l'antisémitisme, on doit parler de la Makhnovtchina. D'énormes calomnies pèsent sur son action. On lui prête des pogroms. Cette légende, exploitée par les bolcheviks, a pour origine le chaos de la guerre civile où l'on ne savait plus très bien quelles troupes faisaient quoi. L'historien Alexandre Skirda et un dissident russe, Litvinov, ont heureusement rétabli la vérité. De nombreux juifs ont participé au mouvement anarchiste, et Makhno faisait fusiller toute personne incitant à commettre des pogroms. Il déclarait : " Lorsque je vis que la liberté et la vie des juifs étaient constamment en danger, je me mis à exterminer ceux qui en étaient responsables. " (l )

La communauté juive et le mouvement ouvrier La fin du XIXe siècle marque une mutation dans la communauté juive européenne où de nombreux jeunes rejoignent le mouvement ouvrier, souvent sans renier leurs traditions culturelles (langue yiddish). En Russie, où le régime tsariste encourageait les pogroms, de nombreux juifs devinrent, par riposte, anarchistes et furent souvent les plus violents (comme dans le terrorisme vers 1905). Lors de la révolution, on remarque des militants comme Voline, Mratchny, Yartchouk et Gorelik (qui était secrétaire d'un bureau de propagande anarchiste en hébreu). En Allemagne, il s'agit plutôt de personnalités comme Erich Mùhsam, qui était en rupture avec son milieu, mais à qui ses adversaires ne manquaient pas de rappeler ses origines. Goebbels l'appelait : Ce porc de juif rouge. Il fut l'un des premiers internés par les nazis et assassiné peu après. Gustav Landauer est un cas particulier, puisque son oeuvre théorique ne rompt pas avec la pensée juive. Nous reviendrons sur ce sujet. Objet de la propagande antisémite, il fut massacré en 1919 par des soldats à Munich (2). Si Rudolf Rocker n'était pas juif, il participa au journal anarchiste juif Arbeter Fraynt, puis il apprit le yiddish et écrivit directement dans cette langue. Aussi, lorsqu'il émigra à Londres, vers 1903, il n'eut aucun mal à s'intégrer dans la communauté juive de l'East End, déjà influencée par les écrits de l'anarchiste Johann Most. Rocker participa activement aux luttes des ouvriers juifs, comme les grèves des tailleurs londoniens de 1906 et 1912 au cours desquelles l'influence d'Arbeter Fraynt fut essentielle.

On peut aussi évoquer le rôle des anarchistes juifs aux Etats-Unis. A New-York, Johann Most, puis Emma Goldman, juive d'origine russe, ont eu une certaine influence. Il faut dire, cependant, qu'Emma Goldman fut mise à l'index par les milieux traditionalistes, en raison de sa vie amoureuse. Des anarchistes juifs participèrent à l'organisation du syndicat des travailleurs du textile et d'autres syndicats new-yorkais. Ce panorama international est bien sûr incomplet, et nous avons surtout mis en avant quelques exemples. Il manque une étude d'ensemble sur le sujet ; espérons que des historiens remédieront à cette lacune.

Anarchisme et sionisme

D'une façon générale l'influence anarchiste dans la communauté, juive va décroître au XXè siècle pour deux raisons : l'essor du parti communiste qui liquidera ses militants juifs sous Staline et le développement du sionisme. Globalement, l'opinion des anarchistes à l'égard de cette dernière théorie fut (et reste) plutôt critique. Bien sûr les sionistes (à partir de 1894) préfèrent le terme pudique de "foyer" à celui d'Etat, surtout afin de ne pas effaroucher.

Pourtant l'ouvrage fondateur de Théodor Heril s'intitule : L'Etat et les juifs et son auteur ne s'embarrasse pas d'ambiguïté. Même s'il existait des courants plus radicaux, comme Poaley-Tsiyon (ouvriers de Sion), qui ne séparaient pas l'implantation des juifs de la lutte révolutionnaire, ceux-ci seront progressivement marginalisés. Ce qui est logique dans ce genre de lutte, le modèle de l'Etat-Nation prend toujours le dessus, même si Israël ne peut se parer de toute la légitimité historique du sionisme. Les premières implantations de colons ont lieu en Palestine, au début du XXè siècle. C'est à cette époque que des anarchistes commencent à prendre clairement position. En 1900, les E.S.R.I. déclarent par exemple que : Nous ne sommes pas sionistes, parce que l'émigration des juifs diminuerait la masse prolétarienne active. Enlever les prolétaires juifs à la cause révolutionnaire, c'est enlever à cette masse un de ses éléments les plus énergiques, les plus intelligents, les plus conscients. Car ne nous y trompons pas, les colonies sionistes, telles qu'on nous les présente, ne sont pas même des colonies socialistes ou libertaires comme on a essayé en Amérique : les juifs transportés en Palestine seraient économiquement, les esclaves de ceux qui les auraient emmenés. Mais quand même Sion serait-il une colonie communiste anarchiste, nous ne la favoriserions pas. Nous pensons, en effet, et nous avons toujours pensé, qu'il est absolument impossible de faire vivre un essai de communisme, si la révolution intégrale n'a pas mis à bas l'ordre capitaliste tout entier. Une colonie qui reste enfermée dans d'étroites proportions n'a pas intérêt. Si elle se développe, elle se met forcément en rapport avec le système mercantile et capitaliste, et elle est tôt ou tard submergée. Si on peut discuter certains arguments des E.S.R.I., on remarquera qu'il y a déjà du scepticisme devant les premières implantations (alya) de colons. De fait, celles-ci furent un échec.

La deuxième vague d'immigrants, postérieure au texte des E.S.R.I., mit en place le système assez original des kibboutz. Ces établissements agricoles, au fonctionnement communautaire, ont parfois éveillé l'intérêt des révolutionnaires. Il est vrai que certaines théories en étaient proches. L'anarchiste Landauer déclarait en 1909 vouloir : " Un village socialiste, avec des ateliers et des fabriques villageoises, avec des prairies, des champs, des jardins, du gros et du petit bétail, des volailles, pour vous prolétaires (... ) c'est là le seul commencement d'un socialisme réel qui vous soit laissé ". Son ami Martin Buber (qui déclarait : J'ignore tout d'un Etat juif avec canons, drapeaux et médailles) étudia de façon plutôt favorable les kibboutz, dans Utopie et socialisme (5), en remarquant qu'ils furent submergés par la société juive environnante (partis, armée...) rejoignant ainsi la conclusion prophétique des E.S.R.I. D'ailleurs, il ne faut pas idéaliser le projet vite perverti des kibboutz, ceux-ci n'avaient pas qu'un but subversif ; en mettant l'accent sur l'agriculture, ils permettaient aux juifs (à qui il était interdit de cultiver le sol en Europe) de redevenir des citoyens à part entière. Quant au désir initial d'abolir l'exploitation de l'Homme par l'Homme dans des communautés, il ne doit pas faire oublier que les kibboutz n'ont pas évolué dans le bon sens. Nous n'avons pas eu la prétention de faire une étude exhaustive. Le manque de place et de documents nous contraignent à certaines généralisations, qui ne sont que quelques jalons, sur nos rapports avec une communauté juive qui nous a beaucoup apporté, même si nous sommes opposés à sa notion d'un Etat juif que défendent certains.

Yves - groupe Florès Magon le Monde libertaire - octobre 1987

(1) Litvinov : Makhno et la question juive, Volonté anarchiste n°24, disponible à la librairie du Monde libertaire. (2) Sur le rôle de ces deux anarchistes pendant la République des conseils de Bavière ; signalons que les éditions Partage Noir s'apprêtent à faire paraître une brochure sur le sujet. (3) Sur cette purge voir, par exemple : Trepper, Le grand jeu, Livre de poche.

http://www.increvablesanarchistes.org/articles/etranger/lesanars_juifs.htm